Pour la première fois en langue française, cette édition se propose de réunir les trois grands textes de Goethe où s’enracine le mythe de Faust : l'Urfaust (1775), le Faust I (1808), le Faust II (1832). Accompagnée d’un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d’aujourd’hui et lui ouvre des perspectives d’interprétation contemporaines.
L’Urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir. Cette pièce caractéristique du XVIIIe siècle allemand a gardé sa fraîcheur et sa force : c’est une œuvre autonome.
Dans le Faust I, le célèbre savant aspire à la connaissance totale du monde. Faust signe un pacte avec Méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse. Le héros séduit l'innocente Marguerite, qu'il abandonnera peu après avec son enfant. Meurtrière de l'enfant, Marguerite est condamnée à mort, mais son repentir la sauvera. Faust et elle incarnent le tragique de la condition humaine.
Riche en symboles poétiques, la seconde partie de la tragédie montre un Faust assoiffé de pouvoir et de possessions, servant à sa manière l’empereur, qui revisite l’Antiquité classique pour retrouver Hélène, la plus belle des femmes, et qui meurt après avoir perpétré d’abominables crimes, sauvé tout de même de la damnation à laquelle son pacte avec Méphistophélès le condamnait. Faust II fait l’inventaire de notre tradition culturelle, juge les temps modernes avec une lucidité toujours actuelle et synthétise l’humanisme et l’art goethéens.
Jean Lacoste et Jacques Le Rider ont, entre autres, édité les œuvres de Nietzsche dans la collection Bouquins (Robert Laffont). De Goethe, aux Éditions Bartillat, ils ont respectivement assuré les éditions du Voyage en Italie (2003) et des Écrits autobiographiques 1789-1815 (2001).
Urfaust, Faust I, Faust II
Pour la première fois en langue française, cette édition se propose de réunir les trois grands textes de Goethe où s’enracine le mythe de Faust : l'Urfaust (1775), le Faust I (1808), le Faust II (1832). Accompagnée d’un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d’aujourd’hui et lui ouvre des perspectives d’interprétation contemporaines.
L’Urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir. Cette pièce caractéristique du XVIIIe siècle allemand a gardé sa fraîcheur et sa force : c’est une œuvre autonome.
Dans le Faust I, le célèbre savant aspire à la connaissance totale du monde. Faust signe un pacte avec Méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse. Le héros séduit l'innocente Marguerite, qu'il abandonnera peu après avec son enfant. Meurtrière de l'enfant, Marguerite est condamnée à mort, mais son repentir la sauvera. Faust et elle incarnent le tragique de la condition humaine.
Riche en symboles poétiques, la seconde partie de la tragédie montre un Faust assoiffé de pouvoir et de possessions, servant à sa manière l’empereur, qui revisite l’Antiquité classique pour retrouver Hélène, la plus belle des femmes, et qui meurt après avoir perpétré d’abominables crimes, sauvé tout de même de la damnation à laquelle son pacte avec Méphistophélès le condamnait. Faust II fait l’inventaire de notre tradition culturelle, juge les temps modernes avec une lucidité toujours actuelle et synthétise l’humanisme et l’art goethéens.
Jean Lacoste et Jacques Le Rider ont, entre autres, édité les œuvres de Nietzsche dans la collection Bouquins (Robert Laffont). De Goethe, aux Éditions Bartillat, ils ont respectivement assuré les éditions du Voyage en Italie (2003) et des Écrits autobiographiques 1789-1815 (2001).
Sur le blog de Pierre Assouline le 27 février 2009 : http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/02/22/
Faust, la totale
Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’existait pas à ce jour d’édition exhaustive en français du Faust de Goethe. C’est pourtant un monument de la littérature universelle, l’un de ses mythes de fondation avec Dom Juan et Don Quichotte. Il y avait donc comme une vacance bibliographique. Le bicentenaire de la publication chez Cotta (Tübingen) était l’occasion rêvée. Jean Lacoste et Jacques Le Rider s’y sont donc mis ; après s’être chauffés en éditant les Oeuvres de Nietzsche (Bouquins/Laffont), ils nous donnent un total Faust (800 pages, 25 euros, Bartillat) dont ils assurent toute l’édition (traduction, notes critiques, introductions) en tenant compte du travail accompli depuis le XIXème siècle par les traducteurs successifs de Goethe (de Gérard de Nerval à Jean Malaplate en passant par Suzanne Paquelin, Henri Lichtenberger, Alexandre Arnoux et Rainer Biemel) et les recherches des germanistes français. Un pari… faustien ! Le recueil s’ouvre sur une rareté intitulée Urfaust, découverte en 1887 dans les archives d’une dame de compagnie de la cour de Weimar, qu’on peut lire, dans toute sa fraîcheur et sa vigueur, comme un brouillon de l’oeuvre à venir. Encore que les spécialistes préfèrent parler de “version antérieure” (”frühe fassung” précisent les éditeurs), plus resserrée, plus intense, et donc plus violente, au point de séduire Brecht. Il est suivi par Faust I, texte de la tragédie telle qu’on l’a toujours connue, et par Faust II, oeuvre posthume découverte en 1832. Ils se complètent, naturellement, le second, aux accents plus prophétiques, tirant le bilan du romantisme (on se rafraîchira la mémoire avec la légende du pacte diabolique depuis ses origines grecques). La totale de Faust, donc, qui n’a pas pour autant la prétention d’une édition définitive. 12 111 vers, chacun conçu comme le fragment d’une grande confession, tous fruits d’une rumination lente et d’une maturation pleine de métamorphoses qui dura plus de soixante ans : cet incommensurable poème n’est pas un pays mais un continent. L’opéra de Gounod, la légende dramatique de Berlioz connue comme La damnation de Faust, les lithographies de Delacroix, les tableaux d’Ary Scheffer ont beaucoup fait pour populariser le mythe, sans oublier le fascinant Docteur Faustus de Thomas Mann. Tous ramènent à l’oeuvre princeps, et au fin mot de la tragédie selon Goethe : le savant peut toujours essayer de maîtriser la nature par l’alchimie, il n’y a que l’Eternel féminin qui puisse le tirer vers le haut. Sans Marguerite puis Hélène, Faust se serait perdu et abîmé dans la mélancolie de la connaissance théorique. Demeure une clarté dans la nuit de son chant de douleur. En passant du grave à l’aigu, quelques notes échappées d’un violoncelle changent le sens, qui passe de la tristesse à l’espoir. Ecoutez donc cette nouvelle édition du Faust de Goethe, puisque, comme le rappelle Jacques Legrand dans le dernier numéro de la revue TransLittérature (No36, hiver 2009), la traduction poétique est “de la musique avant toute chose”.
Libération
7 mai 2009
Goethe retraduit : Faust ce qu’il faut
Recueilli par Anne-Pauline Hanania
GOETHE Faust Traduit de l’allemand par Jean Lacoste et Jacques Le Rider Editions Bartillat, 800 pp., 25 euros.
Grâce à Goethe (1749-1832), Faust (alchimiste qui signe un pacte avec le diable) a évolué de la légende populaire au mythe le plus important de la littérature du XIXe siècle. Faust est une œuvre sur laquelle le poète allemand a passé près de soixante ans. Elle est constituée de trois pièces de théâtre : l’Urfaust (1775), Faust 1 (1808) et Faust 2 (1833, posthume).
Les deux germanistes Jacques Le Rider et Jean Lacoste ont décidé de faire redécouvrir aux lecteurs français ces trois textes, en réunissant pour la première fois l’intégralité des «Faust» dans une seule édition.
Le présent volume permet ainsi de faire connaître les deux versions quasi inconnues de «Faust» qui entourent le Faust 1 connu de tous. Cette traduction de «Faust» a duré quatre ans.
Jean Lacoste :
«J’ai traduit l’Urfaust et Faust 1. Il s’agit de la première véritable traduction en français de l’Urfaust. Je suis parti de celle de Gérard de Nerval datée de 1828, qui est la plus utilisée, mais je me suis vite rendu compte qu’elle était imparfaite et que des points pourtant essentiels du texte original avaient été détournés de leur véritable signification. Voulant rester le plus fidèle possible au texte, ma traduction finalement n’a plus grand-chose à voir avec celle de Nerval.
«Le plus difficile dans ce travail fut, tout en respectant la poésie de Goethe, de la rendre abordable pour les troupes de théâtre contemporain. Donc de restituer un Faust avec sa problématique intellectuelle et un langage venant d’une traduction qui coule, de façon à être comprise par le lecteur.
«Je préfère Urfaust au Faust 1. Cette œuvre - qui n’est pas un brouillon du Faust 1 - est un texte vivant et autonome. Une œuvre qui a gardé toutes les traces de son origine, une légende populaire. J’ai eu l’impression de traduire pour la première fois un texte qui est une sorte de miracle, puisqu’on l’a retrouvé près d’un siècle après la mort de Goethe.
«Urfaust a conservé un caractère sacrilège du théâtre populaire ; on voit tout le plaisir de Goethe de s’être donné comme porte-parole le diable.
«Ce que je retiens de mon travail : la satisfaction et la fierté d’avoir donné l’ensemble des Faust dans une version moderne et pourvue de toutes les annotations nécessaires de manière à ce qu’on le comprenne. D’avoir montré le Faust de Goethe dans toute sa splendeur.»
Jacques Le Rider :
«Je me suis occupé du Faust 2. Cette suite est inconnue en France car elle n’a pas été rééditée, et sa traduction est ancienne et désuète. La grande difficulté de ce travail fut de rester fidèle au texte ; j’ai été étonné du nombre de traductions qui s’éloignent de l’original. Nous avons voulu laisser ce texte ouvert à tous les lecteurs tout en gardant en tête le souci de l’exactitude.
«Faust 2 fut pour moi une grande découverte. Je trouve que la beauté vient de la proportion monumentale de la pièce. C’est une œuvre à part entière. C’est une sorte de synthèse de la culture européenne avec ses aspects traditionnels, culturels, philosophiques et esthétiques. Culture européenne condensée avec un héritage grec et une présence de la littérature anglaise et italienne (allusion à Dante et à Shakespeare).
«C’est une œuvre d’une réelle variété et d’une grande intensité lyrique, poétique et dramatique. Cette pièce peut être vue comme une réflexion sur… le XIXe siècle ! Car, si Goethe est placé parmi les auteurs du XVIIIe siècle, Faust 2, avec le thème du triomphe de la technique et ses questions sur le pouvoir, est bien une œuvre du siècle suivant.
«Cette traduction fut pour moi un défi de chaque page. On n’insiste pas assez sur ce point : le public français connaît mal Faust, et énormément de choses restent à découvrir dans cette œuvre. C’est un texte inépuisable sur lequel j’ai appris quelque chose de neuf jusqu’au dernier moment. Ce que j’ai découvert ? Faust !»
Blog d'Edouard Husson Marianne
Qui l'eût dit? Trichet baissant les taux d'intérêt à 1% pour relancer l'économie. C'est exactement la politique appliquée par Greenspan pour sortir de la crise boursière de 2000; une politique qui a créé le boom immobilier d'où est sortie la crise actuelle. La question d'aujourd'hui n'est pas le manque de liquidités. Elles sont au contraire en surabondances dans le monde. Elles ont noyé l'économie mondiale. C''est le retour au crédit, c'est-à-dire à la confiance pour que l'argent circule. Cela passe par la refondation de la monnaie. Il est encore temps de créer une unité de compte internationale, panier de monnaies comprenant le dollar, l'euro, le yen et le yuan mais aussi l'or, pour sauver provisoirement les monnaies de papier; en attendant de refonder le' système monétaire international sur le plurimétallisme.
Magazine des livres mai 2009
Le vrai du Faust
« Irréprochable ». C’est l’adjectif qui surgit dès que l’on a refermé le volume que consacre Bartillat aux versions successives du Faust de Goethe. Une œuvre qui hanta le géant de Weimar de sa jeunesse au crépuscule de sa longue existence.
L’édition critique, aux bons soins de Jean Lacoste et Jacques Le Rider, est un exemple en matière d’érudition et de clarté. La dynamique adoptée, qui consiste à présenter chaque pièce dans une traduction originale et assortie d’une présentation propre, garantit à l’ouvrage une qualité philologique à toute épreuve.
Le mythe de Faust méritait un tel travail. On sait à quel point il irrigua, avant et après Goethe, l’imaginaire occidental. Mais c’est surtout depuis sa récupération en plein Sturm und Drang qu’il exerça la fascination de poètes (Nerval, son premier « passeur » en français), de musiciens (Gounod, sans qui la Castafiore eût été bien terne), de peintres (Delacroix) et bien sûr de romanciers (l’Adrian Leverkühn créé par Thomas Mann en demeure le plus fameux décalque au XXe siècle).
Jean Lacoste s’interroge : « Le Faust romantique, le Faust artiste, le Faust byronien, le Faust satanique est-il encore notre mythe ? Notre Faust ? Peut-être pas, mais d’une certaine manière, Faust est plus actuel que jamais, car les questions qu’il se pose s’adressent non plus au seul artiste créateur solitaire, qui sacrifie son entourage et sa vie au chef-d’œuvre encore inconnu, mais à tout le monde, à l’homme contemporain, à l’homme sans qualités qui vit dans un univers désormais dominé par la science, les techniques et la technologie. […] Désormais [l’homme] a donné corps au rêve faustien de “voler jusqu’aux étoiles” […], il perce les secrets de la matière vivante au point de la recréer artificiellement et de la manipuler. »
Faust personnifie, autant à l’ère du génie génétique qu’à celle de la machine à vapeur, l’archétype d’une tentation : celle de la maîtrise du savoir absolu. Quitte à devoir renoncer, en vue de le conquérir, à tout amour terrestre.
L’œuvre aura mûri pendant près d’un demi-siècle dans l’esprit du père de Werther, qui signe dans la vingtaine un Urfaust en 1775, en publie une nouvelle mouture en 1808 pour aboutir en 1832 à un troisième Faust (en réalité Faust II), plus ample que les deux autres réunis… Et il n’est pas dit que l’on tienne là la version que Goethe considérait comme achevée.
L’Urfaust reste formellement très lié à la légende populaire et satirique allemande telle qu’elle fut colportée au XVe siècle à travers un Volksbuch luthérien, lui-même inspiré sur la vie de l’ésotériste et astrologue Georg Johannes Faustus. Cette matrice théâtrale aux accents shakespeariens, dont Goethe recycla de nombreux fragments dans la pièce de 1808, avait la préférence de Brecht qui y voyait comme une « fontaine de jouvence » et réussit même à l’imposer sur les planches de l’austère RDA, au début des /années 50.
Mais revenons à la fin du XVIIIe. Vers 1794, sur les encouragements pressants de son ami Schiller, Goethe ose s’atteler à remettre sur l’établi son chantier faustien. Au terme de douze ans d’enrichissements et de réécriture, il arrive à une « composition barbare », « étrange et problématique », un mélange hétérogène d’éléments tragiques et d’autres, moins sérieux, voire carrément oniriques. Le drame s’ouvre sur trois prologues, dont le dernier est le plus important, puisqu’il figure un dialogue entre Méphistophélès et le Seigneur Tout-Puissant. Les bases du pari sur Faust y sont jetées. S’enchaînent les épisodes connus : le dégoût pour toute science du jeune homme désabusé, son pacte avec le démon, le sabbat de la Nuit de Walpurgis, la séduction puis le déshonneur et l’abandon final de Marguerite, mise au cachot pour infanticide.
Dans une introduction qui a valeur d’essai tant elle est finement développée, Lacoste montre en quoi Faust fut pour Goethe moins une « une forme d’autobiographie théâtrale » qu’un véritable cheminement alchimique de son être, un reflet de ses métamorphoses intérieures. N’est-il pas dit dans le Voyage en Italie que le grand Poète, « à partir de la vérité et du mensonge, forme une troisième chose dont l’existence empruntée nous enchante » ? Goethe, aux mille visages, se retrouverait ainsi en filigrane de son personnage principal, mais également de son mauvais génie et peut-être de la douce Marguerite…
Il faut lire les réflexions de Lacoste sur la notion centrale de pari et de pacte, ou encore l’analyse des rapports entre le damné et la technique ou la religion pour se persuader que nous tenons là une édition de Faust pour notre temps. Certes, tous les voiles ne sont pas levés, mais ils sont désignés et n’attendent qu’un signe audacieux de notre part pour nous livrer leurs trésors.
En 1797, Goethe évoquait en trois vers le paradoxe de son œuvre, synthèse philosophique et morale par essence inépuisable : « La vie de l’homme est pareille à ce poème, / Elle a un début, elle a une fin, / Mais elle ne forme pas un tout. » Le mystère de Faust est au fond le mieux partagé des hommes.
Frédéric SAENEN
Johann Wolfgang von GOETHE, Faust (Urfaust, Faust I, Faust II), Édition établie par Jean Lacoste et Jacques Le Rider, Bartillat, 800 pp., 25 €.
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