Bartillat Edition
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J

ISBN : 978-2-84100-516-
Parution : 15/11/2012
Prix : 39 €
1200 pages
Format : 13,5 x 20
Préfacier : Jean Lacoste

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Journal de Vézelay 1938-1944
Romain Rolland

En juin 1938, Romain Rolland et sa femme Marie quittent la Suisse et s’installent en France, à Vézelay, où ils passeront toutes les années d'Occupation. Le grand pacifiste de 1914, « au-dessus de la mêlée », l'homme épris de culture et de musique (auteur de biographies de Michel-Ange, de Beethoven ou de Tolstoï), l'immense romancier (le roman-fleuve Jean-Christophe, qui fut un triomphe, mais aussi Colas Breugnon et L’Âme enchantée), l'éveilleur qui fit découvrir les spiritualités indiennes à l'Occident (Vivekananda, Ramakhrishna, Gandhi…) retrouve sa région d’origine. Lui qui fut un grand germanophile et un compagnon de route du Front populaire doit faire face à l'Occupation allemande et au régime de Vichy. Il n'en continue pas moins à tenir son journal, dont est publiée intégralement, dans ce volume, la partie correspondant aux années de Vézelay, de 1938 à 1944. Il s'agit du témoignage exceptionnel d'un écrivain au quotidien dans un village français pendant les années sombres. Au jour le jour, il note les faits marquants de la guerre et suit la vie à Paris, où il se rendra plusieurs fois. Le 30 décembre 1944, il s’éteint. Pendant ces années, la grande conscience que fut Rolland, lucide jusqu’à la fin, continue à s'interroger, nourrit un dialogue avec Claudel, reçoit Éluard et Le Corbusier, écrit une somme sur Charles Péguy, renoue avec des amitiés anciennes. Ce livre constitue un événement.  

 

Jean Lacoste est philosophe et germaniste. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur Goethe. Il a également traduit Nietzsche et Walter Benjamin. Depuis de nombreuses années, il s’intéresse à l’œuvre de Romain Rolland. 



Résumé

En juin 1938, Romain Rolland et sa femme Marie quittent la Suisse et s’installent en France, à Vézelay, où ils passeront toutes les années d'Occupation. Le grand pacifiste de 1914, « au-dessus de la mêlée », l'homme épris de culture et de musique (auteur de biographies de Michel-Ange, de Beethoven ou de Tolstoï), l'immense romancier (le roman-fleuve Jean-Christophe, qui fut un triomphe, mais aussi Colas Breugnon et L’Âme enchantée), l'éveilleur qui fit découvrir les spiritualités indiennes à l'Occident (Vivekananda, Ramakhrishna, Gandhi…) retrouve sa région d’origine. Lui qui fut un grand germanophile et un compagnon de route du Front populaire doit faire face à l'Occupation allemande et au régime de Vichy. Il n'en continue pas moins à tenir son journal, dont est publiée intégralement, dans ce volume, la partie correspondant aux années de Vézelay, de 1938 à 1944. Il s'agit du témoignage exceptionnel d'un écrivain au quotidien dans un village français pendant les années sombres. Au jour le jour, il note les faits marquants de la guerre et suit la vie à Paris, où il se rendra plusieurs fois. Le 30 décembre 1944, il s’éteint. Pendant ces années, la grande conscience que fut Rolland, lucide jusqu’à la fin, continue à s'interroger, nourrit un dialogue avec Claudel, reçoit Éluard et Le Corbusier, écrit une somme sur Charles Péguy, renoue avec des amitiés anciennes. Ce livre constitue un événement.

Jean Lacoste est philosophe et germaniste. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur Goethe. Il a également traduit Nietzsche et Walter Benjamin. Depuis de nombreuses années, il s’intéresse à l’œuvre de Romain Rolland.

Presse

Romain Rolland dans Le Monde

Lumière retrouvée. "Journal de Vézelay 1938-1944", de Romain Rolland

LE MONDE DES LIVRES | 07.12.2012 à 15h24 Par Florent Georgesco

Romain Rolland.

Les éclipses de la postérité, toutes cruelles qu'elles sont, réservent parfois de lumineuses surprises. Des fantômes apparaissent, pétaradants, débordant de vie, et tout redémarre. Comment être plus négligé que ne l'est aujourd'hui Romain Rolland (1866-1944) ? Rues, lycées, rééditions parcimonieuses, souvenirs scolaires, notes de bas de page : une oeuvre enfouie dans un nom, avec l'oubli en ligne de mire. Mais voici que paraît ce monumental Journal de Vézelay 1938-1944, entièrement inédit, livre d'une telle richesse, et si poignant dans sa profonde rectitude, que nul, en l'ouvrant, ne résistera au plaisir de se laisser à nouveau hanter par un grand homme d'autrefois.

Ce que l'on avait d'abord oublié, c'est à quel point ce fantôme fut glorieux. Prix Nobel 1915, passionnément lu sur tous les continents, correspondant de Freud, sujet d'une biographie de Stefan Zweig, proche de Gandhi, reçu par des chefs d'Etat, il était ce qu'on ne sait plus qu'un écrivain peut être : un pape laïc, un patron des âmes et des coeurs, un fétiche. Jean-Christophe, le cycle romanesque qui l'a imposé (1904-1912), a été un guide pour deux générations de jeunes gens ardents, qu'exaltait l'idéal de sagesse et de libération auquel il donnait une forme pour nous un peu surannée, mais alors impeccablement moderne. Il y a un génie de la coïncidence avec son temps. Romain Rolland le possédait au suprême. D'où son bonheur, et son malheur, tant il reste attaché à l'époque sur laquelle il régna.

Ce passage contrariant du temps est du reste l'un des pôles magnétiques du Journal, champ électrique saturé, que masque au regard distrait la régularité classique de cette prose. L'époque, bien sûr, ne répond pas aux aspirations à la paix de Romain Rolland. Jean-Christophe, tableau d'un peuple européen marchant vers l'unité, avait déjà buté sur la "guerre civile" de 14-18, choc auquel répondra, en 1915, Au-dessus de la mêlée, manifeste qui associera son nom au pacifisme et restera son texte le plus célèbre. L'oeuvre entière est maintenant comme aspirée par le trou noir de la seconde guerre mondiale. Il écrit en 1941 : "Mon inutile vie d'efforts, acharnés. Ma solitude mortelle de pensée." La délectation morose n'étant pas dans sa nature, ce désarroi n'apparaît que brièvement, par touches sombres sur le fond clair qui domine ces pages. Il n'empêche : en filigrane passe l'aventure d'un homme qui a voulu faire l'Histoire, et qui comprend que l'Histoire n'a plus rien à faire de lui. Trop serein. Trop civilisé. L'heure est aux brutes. Les Lumières s'éteignent.

L'INDÉRACINABLE ESPOIR

Aussi, muré dans le silence de sa retraite de Vézelay, se transforme-t-il en pur témoin d'un monde à l'agonie. Non, certes, dans la position ronchonne de la belle âme retirée ; son souci de ne pas devenir "étranger au présent" ne faiblit pas. Il sait, lui qui ne peut plus agir, que le témoignage est une action projetée vers l'avenir, seul apport possible de la dignité humaine dans les époques d'indignité. Autre pôle du livre : cette tension de l'indéracinable espoir, quand tout le dément. Alors, il raconte. L'Europe entière lui rend visite, ou lui écrit, et son récit combine tous les plans d'une description complexe de la période, de l'incertitude qui marque la fin des années 1930 à la tragédie de l'Occupation, en passant par celle, mêlée de comédie grinçante, de la "drôle de guerre".

"J'entends se perdre dans les espaces, écrit-il en 1939, le hurlement enroué de la bête traquée, cinq ou six fois millénaire, - l'humanité." Ce hurlement retentit jusqu'aux dernières pages, sous toutes ses modulations, qui composent à mesure que le livre avance un saisissant tableau des formes persistantes d'humanité. "La vermine des petites misères quotidiennes" y a sa place. Les salauds trouvent la leur, délateurs villageois ou têtes brûlées de la collaboration, tel Alphonse de Châteaubriant, vieil ami qu'il voit avec consternation se nazifier à grands pas. Certaines belles figures font des apparitions, comme Paul Claudel, Jean Guéhenno ou Nicolas Berdiaeff ; ou encore des paysans du village, le boulanger, le doyen de la proche basilique... Il note tout, propos même anodins, traits amusants ou sinistres, détails à foison. L'appétit de réel est chez lui insatiable. Rien ne doit échapper au témoignage qu'il réunit pour nous, heureux bénéficiaires de cette paix que, mort le 30 décembre 1944, quatre mois avant la fin de la guerre, il ne verra plus.

Heureux bénéficiaires aussi, on le voit, du retour de ce beau et prodigue fantôme, porteur de ce qui pourrait n'être qu'un document de plus sur une période qui n'en est pas dépourvue. Mais le Journal de Vézelay est tout autre chose. Fruit de l'effort constant d'un esprit qui refuse d'être emporté dans le chaos, porté par la force calme de sa révolte et de sa colère, traversé par l'électricité d'une vie intérieure constamment attisée, il s'impose à son lecteur comme une oeuvre unique. Celle-là même qui, peut-être, manquait à Romain Rolland pour échapper à l'oubli.

Journal de Vézelay 1938-1944, de Romain Rolland, édité par Jean Lacoste, Bartillat, 1 176 p., 39 €.

Florent Georgesco

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