Bartillat Edition
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L

ISBN : 9782841005062
Parution : 29/03/2012
Prix : 20 €
260 pages
Format : 12,5 x 20

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L'Excité dans le monde des fous tranquilles
Edward Limonov

De 1980 au début des années 1990, Edouard Limonov a séjourné à Paris et, outre la rédaction de nombreux ouvrages, a multiplié les collaborations dans la presse dont la plus célèbre fut sans aucun doute celle au journal littéraire et impertinent L'Idiot international, auquel des esprits originaux et talentueux qui y ont collaboré : Philippe Murray, Patrick Besson, Charles Dantzig, Christian Laborde, Morgan Sportès, Marc-Edouard Nabe, etc. Ce sont tous les articles parus dans ce périodique qui sont ici rassemblés. Ils constituent un ensemble important car Limonov réagit à chaud face aux bouleversements du monde. Il faut reconnaître qu'à cette époque ils n'ont pas manqué : chute du Mur de Berlin, effondrement de l'Union soviétique, première guerre du Golfe, éclatement de la Yougoslavie. C'est dans ce contexte houleux que Limonov s'en donne à cœur joie pour donner son avis toujours excentrique et subversif.

Cette publication est attendue de longue date. Elle permettra de juger sur pièce ces articles depuis longtemps introuvables.



Présentation

Chroniques 1989-1994

Résumé

De 1980 au début des années 1990, Edouard Limonov a séjourné à Paris et, outre la rédaction de nombreux ouvrages, a multiplié les collaborations dans la presse dont la plus célèbre fut sans aucun doute celle au journal littéraire et impertinent L'Idiot international, auquel des esprits originaux et talentueux qui y ont collaboré : Philippe Murray, Patrick Besson, Charles Dantzig, Christian Laborde, Morgan Sportès, Marc-Edouard Nabe, etc. Ce sont tous les articles parus dans ce périodique qui sont ici rassemblés. Ils constituent un ensemble important car Limonov réagit à chaud face aux bouleversements du monde. Il faut reconnaître qu'à cette époque ils n'ont pas manqué : chute du Mur de Berlin, effondrement de l'Union soviétique, première guerre du Golfe, éclatement de la Yougoslavie. C'est dans ce contexte houleux que Limonov s'en donne à cœur joie pour donner son avis toujours excentrique et subversif.

Cette publication est attendue de longue date. Elle permettra de juger sur pièce ces articles depuis longtemps introuvables.

Presse

Article de Thierry Clermont dans le Figaro littéraire 12 avril 2012.
  • Parus il y a vingt ans dans L'Idiot international des Houellebecq, Besson, Nabe, Dantzig et autres Philippe Muray, les articles du sulfureux écrivain sont aujourd'hui réunis en un volume.

    ON N'ÉCRIT plus comme ça, parce qu'on ne publie plus ça. Impensable ou impossible aujourd'hui. Ça, c'était L'Idiot international, l'hebdomadaire pamphlétaire relancé en 1989 par feu Jean-Edern Hallier, et qui a sombré, perclus de dettes et de décisions correctionnelles, début 1994.

    La plume dans le fiel et la saumure, nombre de jeunes écrivains s'y étaient fait les dents: Houellebecq, Patrick Besson, Nabe, Dantzig, ou quelques aînés comme Philippe Muray ou Matzneff. Edouard (qui s'orthographiait alors Edward) Limonov était de la partie. L'écrivain russe, qui va alors sur sa cinquantaine, est salement auréolé. Il a déjà publié une petite dizaine de récits profondément autobiographiques, dont son premier succès sulfureux, Le poète russe préfère les grands nègres (qui sera réédité cet automne chez Flammarion), Journal d'un raté, Autoportrait d'un bandit dans son adolescence… Bartillat rassemble aujourd'hui la quarantaine d'articles qu'il avait rédigés pour L'Idiot,«un journal culte».

    «Nous étions en avance»

    Limonov s'en souvient, dans sa préface (inédite), en citant le poète Lermontov, après avoir évoqué les réunions tardives et avinées chez Hallier, dans son vaste appartement de la place des Vosges: «Je suis fier d'avoir participé à l'aventure de L'Idiot et de m'y être trouvé “non parmi les derniers gaillards”, mais parmi les premiers […] Nous étions en avance sur notre temps.»

    Tout pouvait y être dit et écrit, pourvu qu'il y eût scandale, esclandre ou turpitude*. Le mur de Berlin venait de tomber, l'Irak envahissait le Koweït, la Yougoslavie allait imploser. Quelques manchettes rafraîchiront la mémoire de certains: «L'abbé Pierre est une ordure», sous-titré «la vieille moule du charité spectacle» ; «Députés godillots qui votent la Busherie» juste avant l'intervention alliée dans le Golfe. Un habitué des colonnes, Jacques Vergès, y traite scatologiquement son confrère Roland Dumas de «grosse m…». Aujourd'hui retraités de la basoche, ce sont les meilleurs amis du monde et du tiers-monde… de Tripoli à Abidjan.

    Edouard Limonov, parisien depuis une dizaine d'années, après son exil new-yorkais, est bien chez lui, parmi de grands jobards. Au moment du bicentenaire de la Révolution, il vitupère les droits de l'homme, qui «sont peut-être encore bons à exporter au tiers-monde ; bons pour la grande noire Jessye Norman ; mais chez nous… ce sont des objets morts de musée!». La même année, en pleine rage polémique, il propose sans rire de confier le carmel d'Auschwitz à l'Armée rouge, libératrice du camp en 1945. Thuriféraire de la manière forte, il estime que «la démocratie est un paradis pour l'homme faible et médiocre». À propos de l'oncle Sam, il lâche: «Je préfère un monde peuplé de hooligans et de Saddam Hussein par milliers, plutôt que de subir la domination totalitaire et planétaire des États-unis d'Amérique.»

    «Dégoûté et sceptique»

    Au rayon littérature, il crache sur Kafka («ce petit mec d'assurance, ce chantre mille-pattes»), ou «cette vieille tante somnifère de Marcel Proust». Il flingue à bout portant Peter Handke, pourtant opposé comme lui à la désintégration de la Yougoslavie, daube BHL, «philosophe-chantre du bourgeoisisme moderne». Ils sont peu à être épargnés par sa haine ou ses rictus.

    Entre-temps, le poète «dégoûté et sceptique» fait paraître au Dilettante Discours d'une grande gueule coiffée d'une casquette de prolo, et s'apprête à rejoindre définitivement sa terre russe (après un détour musclé auprès des Serbes de Bosnie) pour y fonder le Parti national-bolchevique. Le succès du Limonov de Carrère aurait pu lui offrir une jouvence et une conduite. Mais non, l'éternel gamin de Kharkov poursuit le combat, politique: il a pratiquement abandonné la plume. Les geôles de Poutine ont remplacé l'écritoire…

    «L'excité dans le monde des fous tranquilles, chroniques 1989-1994» D'Edward Limonov, Bartillat, 262 p., 20 €.

 

Blog de Thierry Savatier, Les Mauvaises Fréquentations

Edward Limonov, poil à gratter des bonnes consciences

De 1989 à 1994, un écrivain russe inconnu du grand public, Edward Limonov, participa à l’aventure de L’Idiot International, journal animé par le dernier grand pamphlétaire du XXe siècle, Jean-Edern Hallier. L’équipe de rédaction incluait, au gré des occasions, quelques plumes devenues aujourd’hui consacrées : Marc Cohen, Arrabal, Patrick Besson, Charles Dantzig, Michel Houellebecq, Marc-Edouard Nabe, Philippe Sollers, Jacques Vergès, Philippe Muray… Réunion improbables d’intellectuels aux opinions contrastées, voire opposées et parfois jugées si peu fréquentables que Didier Daeninckx parlera alors, au sujet de ce canard déchaîné, d’un « laboratoire national-communiste ». Lequel, bien que tiré, aux riches heures, à 250.000 exemplaires, ne résista pas aux multiples condamnations judiciaires dont il fut la cible.

Au sein de ce petit groupe, Edward Limonov se distingua à travers 44 chroniques écrites dans un style abrasif, grinçant et vitriolé, qui viennent d’être réunies sous le titre L’Excité dans le monde des fous tranquilles (Bartillat, 262 pages, 20 €).

Quoi que l’on pense de Limonov et de ses engagements, ce livre a valeur de document. D’abord parce que l’auteur traite de manière totalement iconoclaste – c'est-à-dire opposée à la doxa enthousiaste et béate du monde intellectuel d’alors – la chute du Communisme en URSS et dans toute l’Europe centrale. Ensuite parce que, faisant litière du politiquement correct qui sévissait déjà pour affadir le débat et museler les consciences, il n’hésita pas à s’attaquer aux « valeurs » et aux « idées » à la mode sur lesquelles il était de bon ton (et il l’est toujours) de faire consensus.

Pour le lecteur d’aujourd’hui, évoluant, faute d’alternative, dans cet aquarium feutré que l’on appelle bienpensance, ces textes décoiffent. Les statues du Commandeur tombent les unes après les autres, qu’elles se nomment Soljenitsyne, Eltsine, Gorbatchev, Kafka  (« ce petit mec d’assurance, ce chantre mille-pattes »), Proust (« cette vieille tante somnifère »), Hervé Guibert et Peter Handke dont l’entretien publié le 11 avril 1991 dans Libération est qualifié de « chef d’œuvre de foutaise et de débilité ».

Au chapitre des concepts et institutions quasi-unanimement respectés, figurent d’autres cibles : la démocratie occidentale (« Grand Reich démocratique du Millénaire [...] capable d’exterminer autant de vies humaines pour le "respect du droit international" »), l’OTAN, les Etats-Unis ou le droit d’ingérence, qui donne lieu à cette phrase assassine : « Le nouvel ordre mondial, c’est la violence ouverte, sans honte, de l’Occident contre les deux tiers du monde, contre leurs traditions, contre leur mode de vie, contre leur liberté. Le monde vit désormais sous la dictature humanitaire. »

Outre la préface (inédite) qui évoque la figure fantasque de Jean-Edern Hallier et les comités de rédaction bachiques qu’il organisait dans son appartement de la place des Vosges, certains textes, au-delà de leur caractère polémique, ne manquent ni d’intérêt ni d’humour. Ainsi en est-il de « Projets sculpturaux pour Paris », dans lequel l’auteur s’en prend au « vrai héros de notre temps […], la Victime » (chômeurs, handicapés, otages français, etc.) et de « La Race des signeurs », article hilarant où il est question des pétitionnaires patentés prêts à signer n’importe quel appel pour exister – deux papiers que n’aurait pas désavoué le regretté Philippe Muray !

Ainsi en est-il encore de « Terre d’Asile », où la société occidentale est comparée à un asile psychiatrique où les « bons malades, ceux qui aiment travailler dans le jardin de l’Asile ou confectionner des boites en carton, sont encouragés par l’Administration. Le malade idéal (autrement dit le citoyen modèle) n’est autre que celui qui cause le moins de souci possible à l’Administration ». Ce papier, après avoir dénoncé ce contrôle social aussi policé que policier (voir ici, surtout, une police de la pensée), se conclut par une phrase définitive : « une société sans conflit est une société morte ».

Et l’on découvre, au fil des pages, que bien des chroniques conservent une saisissante actualité, comme le prouve ce texte étonnant : « Désormais, aucun pays sur terre n'est plus épargné de leurs pattes, n'est plus à l'abri de leur "droit d'ingérence humanitaire". Le droit international, les souverainetés nationales, les règles de la diplomatie pouvant tous être bafoués par le petit caprice d’une personnalité quelconque, psychopathe ou hystérique reconnue, qui déclarera que tel ou tel pays ne respecte pas les règles humanitaires. N’importe quel Sarkozy, BHL, Kouchner peut librement inviter, depuis l’écran télé à l’invasion, au bombardement des cités, peuplées d’êtres humains présumés coupables… […] Chaque livre de Glucksmann ou de BHL est une crise d’hystérie, sans pensée ni raison. Ayant toujours tort dans leurs analyses et prévisions, ces "maîtres à penser" sont devenus logiquement des tricoteuses sinistres telles celles qui pendant la Révolution française hurlaient "A mort !" devant la guillotine : ils incitent les généreux à tuer. "Bombardez-les !" est la ligne préférée des tricoteuses humanitaires. » Ces mots furent écrits, non à l’occasion de la sortie au dernier festival de Cannes de ce chef d’œuvre d’autopromotion mégalomaniaque qu’est Le Serment de Tobrouk, mais en février 1993…

Illustration : "Une" de L'Idiot international.


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