Bartillat Edition
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L

ISBN : 2-84100-386-0
Parution : 04/01/2007
Prix : 22 €
500 pages
Format : 12,5 x 20
Traducteur : J. Francis Reille, révisée par André Gabastou
Préfacier : André Gabastou

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Les Eaux du Jarama
Rafael Sanchez Ferlosio

Un groupe d'amis, de jeunes travailleurs de Madrid, viennent se rafraîchir une journée d'été sur les rives du fleuve Jarama. Le livre se déroule sur une période de dix heures où l'auteur suit les jeunes gens, leurs conversations, leurs jeux jusqu'à l'issue fatale: la noyade de Luci dans le fleuve. El Jarama fut considéré lors de sa parution en pleine dictature franquiste comme une vraie révolution. Enfin, on appelait les choses par leur nom, on faisait parler les personnages avec réalisme, on décrivait les corps, les multiples détails de la vie quotidienne d'une humanité gémissante sans intermédiaire narratif et sans morale explicite. Rafael Sanchez Ferlosio est un des plus grands écrivains espagnols en vie. Il a reçu le prix Nadal pour El Jarama (1955) et le prix Cervantes pour l'ensemble de son œuvre (2004). Le discours prononcé à cette occasion en avril 2005 figure dans cette édition.



Presse

Un chameau en Espagne
Par Philippe Lançon

Libération
Jeudi 4 janvier 2007


A 79 ans, Rafael Sanchez Ferlosio, auteur du «Jarama», roman clé de l'Espagne contemporaine, proteste, dans une langue venue du siècle d'or, contre le destin et la stupidité du monde.

Madrid envoyé spécial
Rafael Sanchez Ferlosio Les Eaux du Jarama Traduction de l'espagnol par J. Francis Reille, révisée par André Gabastou. Suivi de Caractère et destin, discours du prix Cervantès 2004. Bartillat, 497 pp., 22 €.

Dans ces buissons de sourcils cendrés, sa bête favorite a dû se rouler : le loup. L'un des contes de Rafael Sanchez Ferlosio baptise cet animal «le récidiviste». Après une vie de fautes, de nécessité et d'épreuves, il se présente aux portes du paradis. On le rejette parce qu'il est tueur. Les années passent. Le loup maigrit, vieillit, souffre, ne peut plus tuer. Il se représente et on le rejette parce qu'il est voleur. Il erre de nouveau, s'isole, faiblit, ne mange plus que des racines. Une troisième fois, il revient et on lui dit : «Tu l'as voulu. Tu t'en iras cette fois comme les autres et tu ne reviendras jamais plus. Non plus comme tueur, ni comme voleur, mais comme loup.» Rafael Sanchez Ferlosio est l'un des grands écrivains espagnols et un loup sans meute, féroce et comique. De forêts en poulaillers, il a durci la splendeur de ses phrases contre «l'interminable assaut du châtiment». Il a 79 ans, boit de la bière et du whisky. S'il est courtois, direct et généreux, c'est sans sympathie : «La sympathie est une variante souriante, affectée, adulatrice, impudique, agressive et niaise de la mauvaise éducation.» 
 
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Sous ces buissons de sourcils cendrés, rôde le regard légèrement halluciné d'un homme dont les lueurs prophétiques, depuis un demi-siècle, poussent le corps de la langue hispanique jusqu'à ses dernières vertus. Il vit entre Madrid et l'antique maison de famille de Coria, en Estrémadure. Né à Rome, il parle l'italien, voyage peu, a un rejet «mental plus que viscéral» des Etats-Unis, où il n'est jamais allé. Il a un sourire d'enfant sauvage, marche avec une canne. Trois romans et des milliers de pages d'essais ont fait de lui un auteur dont Miguel Delibes, Camilo José Cela, Antonio Muñoz Molina, Javier Cercas et Fernando Savater admirent la puissance, la grammaire et la mauvaise humeur.
Dans un monde où, écrivit-il, «viendront encore de sombres années qui nous aveugleront davantage», Sanchez Ferlosio est d'abord le roi Lear de l'hypotaxe. L'hypotaxe est la figure de style par laquelle la phrase se charge de subordonnées et d'incises presque infinies. Elle envahit la page d'un velours verbal destiné à ne rien laisser de l'homme au vide et aux mensonges qui le guettent. C'est une langue qui trouva sa période au Siècle d'or, du temps de Charles Quint, «un médiocre qui mit l'Europe à feu et à sang». Qu'il analyse le langage de la guerre en Irak ou celui de «ce sinistre fétiche idéologique qu'on appelle le Bien Commun», Sanchez Ferlosio semble replier ce siècle d'il y a cinq siècles sur la violence hypocrite du monde contemporain. Il le fait avec une rage herméneutique, sous forme d'essai ou d'un long article dans le quotidien El Pais : ce qu'il y a de plus libre dans l'esprit d'un homme y prend forme récalcitrante. Sanchez Ferlosio prend les mots des autres et les étire, les commente, les défait, les vide de leur chair et de leur sens : «Toute phrase déjà faite, tout stéréotype verbal, est l'indice d'une attitude mentale inerte, autrement dit idéologique.» A la fin, il en reste davantage qu'au début dans l'assiette du lecteur désespéré, sans doute, mais joyeux et repu par le champ de crustacés.
On republie aujourd'hui, dans une traduction légèrement révisée, le deuxième roman qu'il fit paraître en 1955, les Eaux du Jarama (en espagnol : El Jarama ). Le Jarama est le nom d'une rivière qui circule à l'est de Madrid. Par son apparent réalisme et son objectivité descriptive, ce livre marqua la littérature espagnole, comme, en France, le Nouveau Roman (lire ci-dessous). Trois autres livres de lui ont été traduits : Ruses et aventures d'Alfanhui, son premier roman (Verdier) ; Témoignage de Yarfoz, son troisième et dernier (Actes Sud) ; enfin, un recueil d'aphorismes, Nous aurons encore de mauvais moments (Rivages). On y lit des choses comme : «Ce que regrette la compassion humaine, toujours frustrée et toujours recommencée, c'est la chaleur propre à l'animalité.» La compassion, pour l'écrivain, est une vertu pleine de dents : sans indulgence, elle n'a aucun rapport avec «le dédain définitif qu'est la tolérance». Les essais de Rafael Sanchez Ferlosio n'ont jamais franchi la frontière.
En appendice aux Eaux du Jarama, André Gabastou a traduit le discours que son auteur prononça, en 2004, lorsqu'il reçut le prix Cervantès ­ la plus importante distinction des lettres hispaniques. Ce discours, «Caractère et destin», rappelle les obsessions de Sanchez Ferlosio : défaire les illusions politiques du langage, élever les valeurs contre les biens, mettre en forme l'éternité des caractères contre les misères de l'Histoire et de ses sycophantes. La guerre est, depuis quinze ans, son grand sujet. Il note que, comme les Etats-Unis, l'Empire espagnol confondait insoumission à l'Etat et apostasie, mais «les Espagnols étaient tout de même plus autocritiques. Ils ont eu Las Casas». 
Pour écrire sa conférence, Sanchez Ferlosio a relu Don Quichotte, ce livre «épouvantablement répétitif», et songé aux tableaux des bouffons de Vélasquez au Prado, musée qu'il ne fréquente plus. Ce sont pour lui des individus «sans passé, sans avenir, sans histoire». Ils vivent une expérience «qui revient toujours». En résumé, ils sont l'essence de la condition humaine : «Leur service auprès du roi mélancolique consiste à adoucir, égayer, chasser, exorciser l'abominable galerne du destin qui menace au-delà du Guadarrama.» Comme les bouffons de Philippe IV, la langue de Rafael Sanchez Ferlosio proteste. Sa morale est celle, castillane, «d'une répudiation à la fois muette et bruyante du destin». Cette répudiation possède, dans le monde de Bush et de Ben Laden, son efficacité.
Comment définir son style ? «L'hypotaxe est une manière d'en finir avec les choses, répond-il. Un ami dit que...» Lorsqu'il parle de lui ou raconte une histoire, c'est presque toujours «un ami» qui, dans sa phrase, le fait pour lui. Il a beaucoup aimé la conversation en groupe, la tertulia. Sa caractéristique ? «Un ami dit que pour converser il faut supprimer les noms propres et ne parler qu'avec des noms communs.» On ne sait presque jamais qui est cet «ami». Donc, «un ami dit que ma phrase veut boucher les trous pour que personne n'y entre, que c'est très mal. Le malheur est que des trous, il en reste toujours ! Et que la phrase échoue, parfois. Elle doit aller avec la respiration. Si on reprend son souffle, c'est qu'elle est ratée» .
Son style ressemble exactement à celui du torero Rafael Ortega, tel qu'il le décrivit en 1980 : «Avançant à chaque passe pour, le chausson en arrière, changer la mesure d'un pas unique et diagonal, puis mettre le poids du corps sur l'autre jambe et faire passer devant elle toile et taureau, il composait enfin avec la bête une figure hellénique, laocoonique, ou plutôt une figure touchée par cette lumière dynamique qui rend la pierre à la légèreté du tissu et le tissu au poids de la pierre : la lumière unique du baroque.» Cette folie baroque l'a poussé loin. En 1973, il traduit les Enfants sauvages, de Lucien Malson, et Mémoire et rapport sur Victor de l'Aveyron, de Jean Itard. La traduction est remarquable, mais les commentaires du traducteur, parfois critiques, occupent plus de pages (202) que celle-ci (197). Malson obtient que le livre soit retiré. L'écrivain en conserve quelques exemplaires, qu'il offre avec un plaisir d'enfant.
Longtemps, Sanchez Ferlosio écrivit la nuit, forgeant son idiome sous amphétamines, selon des cycles de six jours sans sommeil : «Le premier jour, je me sentais bien. Les jours deux, trois et quatre étaient formidables : l'amphétamine me permettait d'inventer des relations formelles et des analogies. Ensuite, peu à peu, j'étais pris d'hallucinations et j'entrais en destruction calligraphique.» Ses cahiers à spirale sont là pour le prouver. Les dernières phrases semblent tomber lettre à lettre dans un puits. Au sixième jour, il mangeait, buvait. Une baisse de tension survenait, puis il tombait, «comme un mort». Miguel Delibes a décrit le fantôme hirsute et pâle qui réapparaissait, après des semaines, comme revenu d'un autre monde : naturellement dépourvu de routine et de discipline de travail, ce forcené paresseux a toujours «tourné le dos à toutes les conventions». 
Il écrit d'abord ce qui lui vient en tête dans de petits carnets datés et baptisés. Les derniers se nomment Ophélie, parce qu'il a vu une reproduction préraphaélite de cette héroïne, ou Alcion (martin-pêcheur), parce que les jours de janvier où surgit cet oiseau sont, pour la lumière totale qu'ils jettent en Castille sur la nature, parmi ceux qu'il préfère.
Dans des chemises, les «transparents» , il range les articles qu'il a découpés et qui serviront d'appuis (et de cibles) à son dépeçage. Il en a consacré un aux débats sur la célébration de la victoire d'Austerlitz. On parle de Napoléon, de sa guerre contre l'Espagne, et il en vient à réciter un superbe sonnet de son père, qui s'achève sur la défaite des Français à Bailen.
«J'ai la conviction que, au moins depuis l'adolescence, j'ai eu une prédilection pour mon père, ce qui a pu influer sur notre vice commun pour l'écriture, bien qu'il n'ait jamais atteint mes excès pathologiques de graphomanie.» Rafael Sanchez Ferlosio est le fils de l'écrivain Rafael Sanchez Mazas, un excellent styliste que Javier Cercas a rendu à la notoriété en en faisant le personnage central de son best-seller, les Soldats de Salamine. Sanchez Mazas est d'abord journaliste. On l'envoie à Rome dans les années vingt. Il y rencontre sa femme, une Italienne, fille d'un antifasciste. La famille retourne en Espagne en 1929. Quand débute la guerre civile, les quatre enfants retournent en Italie, en bateau depuis Valence, avec escale à Marseille. Sanchez Ferlosio étudie dans un collège du ghetto, à Rome, où juifs et chrétiens sont encore mélangés. L'enfant découvre les vertus de la paresse. Pour le corriger, on lui donne une répétitrice. En arrivant, elle lui demande chaque jour s'il a étudié. Non, répond-il. Elle dit : «Croyez-vous que nous puissions continuer ainsi ?» Non, répond-il. «Sa voix, écrit-il dans son unique texte autobiographique , avait une patience si infinie qu'elle avait pour effet prodigieux d'aiguiser et de clarifier un peu plus en moi la conviction que, si, nous pouvions continuer ainsi pour l'éternité.» 
Le père, demeuré en Espagne, est phalangiste et admirateur de Primo de Rivera. En 1936, il est arrêté par les républicains. Il s'évade trois ans plus tard, à la veille d'être fusillé : Cercas a raconté cela dans son roman. «Il a eu l'élégance de m'envoyer le manuscrit, dit Sanchez Ferlosio, mais je ne l'ai pas lu. On m'a dit qu'il n'y avait que des erreurs minimes.» Sanchez Mazas rejoint les siens à Rome «le jour où Pie XII a été nommé pape». Franco gagne la guerre ; la famille rentre ; l'enfant apprend à connaître son père. Un jour, il lit dans sa chambre la Célestine, de Fernando de Rojas. Le père entre, saisit le livre et lit, «sur un ton formidable», l'un des célèbres monologues de l'entremetteuse, un éloge du plaisir et de la prostitution.
Devenu romancier et essayiste, Sanchez Mazas est l'un des grands petits maîtres de l'après-guerre civile. Ce que son fils affirme aujourd'hui préférer de lui est une préface à un dictionnaire de géographie du XIXe siècle, «et quelques articles». Sanchez Ferlosio n'est pas plus complaisant avec ses propres oeuvres : il dit sans cesse détester les Eaux du Jarama, qui fit sa gloire, et la plupart des essais qui ont suivi. Quelque chose en lui s'amuse de tout ça : le moi, «l'horrible self» américain, mérite le crin. «C'était un causeur , dit-il de son père. Avec ses amis, c'était à qui prendrait la parole pour ne plus la lâcher. Un tournoi.» Il parlait et buvait beaucoup dans les bars et les hôtels. Il rentrait tard dans la nuit, «complètement ivre et absolument digne». Son roman préféré était Guerre et Paix, que son fils déteste, «sauf les scènes de bataille, que Tolstoï décrit bien, surtout Borodino». 
En 1950, Sanchez Ferlosio publie son premier roman : Ruses et aventures d'Alfanhui. Alfanhui est un enfant qui, à la suite de son maître taxidermiste, entre dans le monde magique de la nature. Dans une langue d'une précision délicate, Alice est au pays des merveilles de Castille. On y trouve des araignées lumineuses, des girouettes qui parlent, une servante sans jambe au corps perpétuellement rempaillé qui finit par mourir parce qu'elle a mal séché. Une nuit, le vent lui donne des visions. Alfanhui «n'aurait pas su dire s'il y avait dans ses yeux une solitude ténébreuse et dans ses oreilles un insondable silence parce que cette musique et ces couleurs venaient d'ailleurs, de l'endroit d'où ne vient jamais la connaissance des choses ; passé le premier jour, derrière le dernier mur de la mémoire, là où naît l'autre mémoire : l'immense mémoire des choses inconnues». 
En 1951-1952, Rafael Sanchez Ferlosio effectue son service militaire au Maroc. Un soir, dans la bibliothèque de la caserne, il trouve Généalogie de la morale, de Nietzsche. Il le lit dans la nuit. «Au matin, je suis sorti et j'ai vu la lumière se lever sur ce paysage désertique et sublime. Mais il avait changé : désormais, il était vide, et maître de lui-même.» L'écrivain a perdu la foi. Un demi-siècle plus tard, la question de l'existence de Dieu l'amuse : «Si trois millions de gens croient en un Dieu, le minimum qu'il puisse faire pour eux est d'exister. La seule question est de savoir s'il est bon ou mauvais. Un ami m'a dit qu'en 1940, 17 rabbins se sont réunis pour en décider.» La réponse fut qu'il n'était pas bon. Sanchez Ferlosio, qui n'y croit pas, pense comme eux.
Il se marie avec la romancière Carmen Martin Gaite. Ensemble, ils ont une fille, Marta. Un jour, revenant de la chasse avec un lièvre, il lui décrit avec soin et admiration chaque partie du corps de la bête. «Pourquoi l'as-tu tué, s'il est si beau ?» lui demande l'enfant. «Je n'ai plus jamais chassé, dit-il en souriant, car je n'avais rien à lui répondre.» Il continue longtemps d'aller à la corrida, jusqu'au jour où, dit-il, «je me suis mis à haïr l'Espagne». Que déteste-t-il dans le caractère espagnol, lui qui l'est tant ? «La conviction patriotique. La friponnerie. Et l'usage du sarcasme.» 
Marta effectue des études de philologie anglaise, traduit des contes de Kipling et Eaux profondes, de Patricia Highsmith, aide son père à taper ses propres textes. Toxicomane, elle meurt du sida à 27 ans. Il écarquille un peu plus ses yeux et dit : «Je ne me suis rendu compte de rien. Mais je l'aimais tant que j'avais en moi depuis l'enfance l'image anticipée de sa propre mort. C'est le pire.» L'un de ses beaux essais, les Pleurs et la fiction, tourne autour d'un poème japonais : «Au soleil sèchent les kimonos./ Oh, les petites manches/de l'enfant mort.» Commentaire : «Le corps est l'enfant et le lieu de l'événement ; le kimono signifie l'enfant et il est le lieu de la représentation. Nous avons toujours besoin d'un miroir pour savoir ce qui nous est arrivé.» Le texte fut écrit bien avant la maladie de sa fille. La langue est le miroir dans lequel il faut entrer pour apprendre à vivre, ou à survivre.
Carmen Martin Gaite est morte bien après leur séparation. Rafael Sanchez Ferlosio s'était remarié. Il vit dans un ancien quartier ouvrier de Madrid, aime les calamars à l'encre, et continue d'écrire sur la guerre et le destin des textes d'actualité et hors du temps, dans le mouvement d'une antique phrase qui n'en finit pas.


"Ferlosio a fait une des oeuvres importantes de la littérature hispanique, qui dépasse, et de beaucoup, cette référence géographique."
Une Espagne à la dérive
Pierre-Robert Leclercq, Le Monde, 05/01/2007
Les eaux du Jarama est aussi le choix de Pierre-Robert Leclercq pour l'été dans Le Monde du 22/06/2007.


Et au milieu coule une rivière
Sabine Audrerie, La Croix, 01/02/2007


Nouvelle garde montante
Magazine Air France


Un classique espagnol
Charles Ruelle, Le Magazine Littéraire, février 2007
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