Il est Parisien et durant sa vie, quitte peu la France. Il déteste les trajets en train, qui lui donnent des maux de ventre. Sa misanthropie se déchaîne contre les autres passagers. Il ne franchit pas les mers en quête d’exotisme comme Baudelaire, qu’il admire. Les populations du Sud l’exaspèrent. Sa plus grande joie n’est pas de partir, mais de rentrer.
J.-K. Huysmans (1848-1907) n’est sans doute pas le meilleur exemple d’écrivain voyageur. Il a pourtant accordé de nombreuses pages au périple hors des frontières, réunies dans ce volume. Elles proviennent de genres variés, de récits, de romans, de chroniques, de souvenirs, de textes poétiques en prose, de lettres, pour certaines inédites, d’une hagiographie même.
Mis à part une étape vite oubliée en Suisse, ces voyages réels ou fictifs nous transportent toujours plus haut. Vers le Nord de l’Europe, d’une part : l’auteur nous fait visiter la Belgique, la Hollande, pays de sa famille paternelle, l’Allemagne et ses villes hanséatiques – ajoutons l’Angleterre, où les esprits raffinés diront que des Esseintes est bel et bien allé. Vers les étoiles, d’autre part : le couple d’En rade fait une promenade inouïe, depuis l’Océan des Tempêtes jusqu’au cratère Tycho. Plus froide, plus sombre, plus silencieuse, la lune ne peut rivaliser cependant avec l’Europe septentrionale où pointent les flèches gothiques.
Philippe Barascud enseigne la littérature à Angers. Auteur d’une thèse de doctorat sur J.-K. Huysmans, il a consacré de nombreux travaux à cet auteur, dont deux éditions : Les Mystères de Paris (Manucius, 2009) et la correspondance échangée avec mère Cécile Bruyère (Éditions du Sandre, 2009).
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