Une révolution érotique
Au cœur d’un XIXe siècle puritain, Gustave Courbet allait déclencher une révolution érotique et plastique ; bousculant l’ordre esthétique et moral, il proposa, en lieu et place des déesses ou des muses idéalisées, la représentation de femmes nues bien réelles, naturelles jusque dans leurs imperfections physiques, chargées d’une sensualité troublante, dérangeante.
Passant outre les alibis thématiques convenus, le peintre s’attacha à composer une scène érotique transgressive qui, des portraits aux peintures de genre, plaça la Femme de son temps au centre des débats. L’importance qu’il accorda notamment au saphisme, à travers un réseau d’images explicites, montre l’audace dont il savait faire preuve face à un tabou majeur de l’époque.
Sans doute l’œuvre la plus célèbre de Courbet est-elle L’Origine du monde, aboutissement d’une démarche intellectuelle qui restituait au corps de la Femme ce sexe matériel dont l’art, depuis la Grèce antique, l’avait privé ; cependant, d’autres toiles concentrent une charge libidinale tout aussi puissante aux yeux de qui sait les regarder.
Pourquoi le modèle nu debout près du chevalet, dans L’Atelier du peintre, possède-t-il une surprenante connotation érotique en dépit de sa pose plutôt sage ? Pourquoi les Demoiselles des bords de la Seine, pourtant vêtues, sont-elles déshabillées ? Quels indices le peintre avait-il dissimulé dans certains de ses tableaux, comme Le Sommeil, pour suggérer que ses héroïnes venaient de ressentir une jouissance sexuelle intense ?
Autant d’interrogations qui sont ici abordées, à travers la soixantaine de toiles qui compose l’œuvre érotique du peintre, dont certaines sont inédites.
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