Bartillat Edition
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F

ISBN : 9782841005093
Parution : 30/05/2012
Prix : 14 €
800 pages
Format : 11,5 x 18
Traducteur : Jean Lacoste, Jacques Le Rider
Préfacier : Jean Lacoste, Jacques Le Rider

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Faust
Goethe



Présentation

Urfaust, Faust I, Faust II

Résumé

Pour la première fois en langue française, cette édition se propose de réunir les trois grands textes de Goethe où s’enracine le mythe de Faust : l'Urfaust (1775), le Faust I (1808), le Faust II (1832). Accompagnée d’un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d’aujourd’hui et lui ouvre des perspectives d’interprétation contemporaines.

L’Urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir. Cette pièce caractéristique du XVIIIe siècle allemand a gardé sa fraîcheur et sa force : c’est une œuvre autonome.

Dans le Faust I, le célèbre savant aspire à la connaissance totale du monde. Faust signe un pacte avec Méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse. Le héros séduit l'innocente Marguerite, qu'il abandonnera peu après avec son enfant. Meurtrière de l'enfant, Marguerite est condamnée à mort, mais son repentir la sauvera. Faust et elle incarnent le tragique de la condition humaine.

Riche en symboles poétiques, la seconde partie de la tragédie montre un Faust assoiffé de pouvoir et de possessions, servant à sa manière l’empereur, qui revisite l’Antiquité classique pour retrouver Hélène, la plus belle des femmes, et qui meurt après avoir perpétré d’abominables crimes, sauvé tout de même de la damnation à laquelle son pacte avec Méphistophélès le condamnait. Faust II fait l’inventaire de notre tradition culturelle, juge les temps modernes avec une lucidité toujours actuelle et synthétise l’humanisme et l’art goethéens.

 

 

Jean Lacoste et Jacques Le Rider ont, entre autres, édité les œuvres de Nietzsche dans la collection Bouquins (Robert Laffont). De Goethe, aux Éditions Bartillat, ils ont respectivement assuré les éditions des Écrits autobiographiques 1789-1815 (2001) et du Voyage en Italie (2003).

Presse

Article dans le Nouvel Observateur de Philippe Sollers

Faust: rencontre avec le Diable

Créé le 10-07-2012 à 16h48 - Mis à jour le 18-07-2012 à 12h54

Goethe avait parfaitement senti le déferlement du nihilisme à venir. Les expérimentations génétiques comme la guerre des sexes sont déjà dans son «Faust», auquel il a travaillé pendant soixante ans.


"Méphistophélès tentant Faust", peinture d'Enrico Sartori (Afp)

"Méphistophélès tentant Faust", peinture d'Enrico Sartori (Afp)

Le 17 mars 1832, cinq jours avant sa mort, Goethe (1749-1832), qui trouve son temps extrêmement absurde et confus, parle de son «Faust» comme d'une construction étrange, «incommensurable»,qui risque d'être «rejetée sur le rivage comme une épave en ruine, ensevelie sous les dunes des heures».

Il y a travaillé pendant soixante ans, avec des interruptions. Il a repris une vieille légende qui a déjà inspiré Marlowe. Il suffit de signer un pacte avec le Diable pour s'assurer tous les succès du monde. Le Diable existe donc, on peut le rencontrer, lui parler, s'entendre avec lui sur une transaction dans l'au-delà, il s'agit de vendre son âme. Quoi? Ce Goethe si équilibré, si savant, si doué, si sage (que Blanchot, en forçant la note, comparera à Gide) a passé sa vie à fréquenter Méphisto? Bien entendu, vous ne croyez pas au Diable, puisqu'il s'est arrangé, depuis longtemps, pour faire comme s'il n'existait pas. Vous n'avez d'ailleurs rien à parier puisque vous n'avez plus d'âme.

Goethe, lui, sans y croire tout en y croyant, pressent comme personne le règne diabolique, c'est-à-dire le déferlement de nihilisme qui va venir. Il le voit surgir en personne, le Diable, c'est un esprit plein d'esprit, souvent drôle, très poétique, qui comprend tout et devine les moindres désirs. Dieu est mort, ou plutôt il est déjà très fatigué, il laisse courir. C'est lui, bien entendu, qui a inventé son adversaire, puisque l'homme a tendance à se relâcher et à chercher le repos. Sans le Diable, pas d'histoire, pas de mouvement, pas de spectacle. Le «Faust» de Goethe est un grand carnaval, un opéra, une tragique histoire d'amour, une danse de mort, une expérience sans précédent sur le négatif et sa volonté de puissance.

Voici le personnage principal:

«Je suis l'esprit qui toujours nie!
Et c'est avec justice; car tout ce qui naît
Est digne dé périr;
Ergo il serait donc mieux que rien ne naisse,
Ainsi, tout ce que vous nommez péché,
Destruction, bref, ce qu'on entend par mal,
Voilà mon élément propre.»

Ecoutez bien: l'esprit qui toujours nie est là, en vous (narcissisme délirant), autour de vous (lutte de tous contre tous), partout palpable (destruction, indifférence, dérision, mauvais goût, sarcasme). Les sorcières de Macbeth sont à la manoeuvre, le faux est vrai, le vrai est faux, le beau est laid, le laid est beau. Dans son laboratoire, Faust a un assistant qui, ô ironie préventive, s'appelle Wagner. Il s'occupe d'un projet révolutionnaire dont nous pouvons, aujourd'hui, mesurer toutes les conséquences: la création d'un «homonculus» in vitro:

«La procréation à l'ancienne mode,
Nous déclarons qu'elle n'était qu'une farce,
Si l'animal persiste à y trouver du plaisir,
L'homme, lui, avec ses dons si grands,
Doit avoir désormais une plus haute origine.»

Voilà, les dés sont jetés, le Surhomme est déjà en vue, la science s'en chargera, quitte à fabriquer génétiquement des sous-hommes. Goethe se paye une nuit de Walpurgis, c'est un expert en mélanges, le Diable brouille les époques, fait apparaître Hélène de Troie (c'est mieux que la pauvre Marguerite), raille, au passage, l'ignorance et la grossièreté de son temps, perçoit l'accélération du phénomène diabolique.

«Le destin a donné à cet homme un esprit
Qui va toujours frénétiquement de l'avant,
Et dont l'élan précipité
Aura bientôt sauté par-dessus toutes les joies de la terre !»

Audace de Goethe

Contrairement aux séances initiatiques antiques, avec descentes aux enfers et consultation des ombres de la mort, Faust, lui, grâce à Méphisto, peut descendre chez les Mères pour leur ravir leur trépied. Où est-on? En haut, en bas? Nulle part? Il faut faire attention, parce que les Mères, révélation surprenante, ne voient personne en particulier, mais seulement des «schèmes». Pour aller là, il faut une clé, ou, si vous préférez changer de symbole sexuel, une flûte enchantée (Goethe se souvient d'avoir vu passer devant lui le jeune Mozart).

Cette intrusion dans le monde matriarcal est d'autant plus capitale que personne ne semble l'avoir remarquée. Si les Mères ne voient que des «schèmes», on pourra un jour, en surface, habiller ces schèmes en publicité. Mais passons à l'essentiel, la question clé posée par Méphisto:

«Pourquoi l'homme et la femme s'entendent si mal?
Ce point, mon ami, tu ne le tireras jamais au net.»

Allons, allons, le docteur Freud, grand admirateur de Goethe, nous en a appris un bout sur ce «point». Mais, comme c'est étrange, presque plus personne ne se soucie de ce qu'il a dit: un seul tweet, et tout continue comme avant, Faust est réduit au chômage. Les «femmes grises» envahissent la scène: le manque, la faute, la détresse, le souci. Et voici encore des Lémures s'activant au cimetière. Credo de Méphisto:

«A quoi bon, après tout, créer éternellement,
Si c'est pour que le créé soit balayé parle néant,
Et cela tourne néanmoins en rond comme si cela était,
Quanta moi, j'aimerais mieux le vide éternel.»

Voilà un renseignement de première importance: le Diable ne comprend pas le néant, le nihilisme ne le prend pas en considération, d'où la maladie romantique. Goethe, à la fin de son grand oeuvre, est de moins en moins persuadé de la puissance du Diable qui se voit frustré de l'âme convoitée de Faust. De là, une conclusion avec salut in extremis, cohortes d'anges et choeur mystique, en direction, tenez-vous bien, de la Vierge Marie. De Satan à ce finale bizarrement «catholique», que d'aventures! Mais écoutons une fois encore ces vers célèbres:

«Toute chose périssable
N'est qu'un symbole,
L'insuffisant
Ici devient événement,
L'indescriptible
Ici est accompli:
L'Eternel féminin
Nous attire vers le haut.»

Qu'il nous attire désormais vers le bas prouve que le Diable, dans cette région, n'a même plus son travail à faire.

Philippe Sollers 

Faust : Urfaust, Faust I, Faust II, par Johann Wolfgang von Goethe,
édition établie et annotée par Jean Lacoste et Jacques Le Rider,
798 p., Omnia, 14 euros
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